Les impacts écologiques du numérique

Aujourd'hui, le numérique représente 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, 10% de la consommation mondiale d'électricité, une croissance annuelle de 9% de son empreinte environnementale.

Le numérique a transformé et continue de transformer profondément nos sociétés, des interactions sociales à l’organisation du travail.

Une prise de conscience peine à émerger, à l’heure où la généralisation de l’intelligence artificielle, extrêmement énergivore, est à l’honneur.

Les gains d'efficacité énergétique sont souvent neutralisés par l'augmentation de la consommation. Par exemple, les écrans deviennent plus économes mais aussi plus grands, annulant les bénéfices environnementaux potentiels.

L'évolution rapide des technologies encourage le renouvellement fréquent des équipements, même lorsqu'ils fonctionnent encore. La durée de vie moyenne d'un smartphone est passée de 4-5 ans à 2-3 ans en une décennie.

On voit ici que l’argument techno-solutionniste, qui affirme que le progrès technique peut résoudre la question environnementale, ne tient pas. Pour réduire l’impact environnemental du numérique, il est nécessaire de changer de paradigme et d’aller vers la sobriété numérique.

La fabrication des appareils numériques génère des impacts considérables. Pour produire un smartphone, il faut extraire environ 70 kg de matières premières. Cette extraction entraîne la destruction d'écosystèmes, la pollution des sols et de l'eau, et contribue à l'épuisement des ressources naturelles. Les terres rares, essentielles à nos appareils, sont extraites dans des conditions particulièrement destructrices pour l'environnement.

Le fonctionnement du numérique nécessite une quantité croissante d'énergie. Il y a bien sûr la consommation des appareils (ordniateur, smartphone, etc) mais ce n’est pas tout.

Les centres de données, véritables usines du numérique, consomment à eux seuls 1% de l'électricité mondiale. Le streaming vidéo représente plus de 60% du trafic Internet mondial, générant une consommation énergétique comparable à celle d'un pays comme l'Espagne.

Chaque année, nous produisons plus de 50 millions de tonnes de déchets électroniques, dont seulement 20% sont correctement recyclés. Le trafic illégal mondial des déchets électroniques se compte en dizaines de milliards de dollars. Ces déchets contiennent des substances toxiques et des métaux lourds qui contaminent les sols et les nappes phréatiques lorsqu'ils ne sont pas traités correctement, se répercutant sur toute la chaîne alimentaire.

Outre les problèmes de pollution par les déchets et la destruction d’écosystèmes par l’extraction minière, le numérique provoque la perturbation des cycles naturels de nombreuses espèces animales.
Les câbles sous-marins d'Internet, lors de leur installation et de leur maintenance, perturbent les écosystèmes marins et les routes migratoires de nombreuses espèces marines. L'éclairage permanent des centres de données affecte les cycles naturels des insectes et des oiseaux nocturnes. Les ondes électromagnétiques des réseaux de télécommunication peuvent perturber les systèmes d'orientation des oiseaux migrateurs et des insectes pollinisateurs.

De plus, l'empreinte carbone du numérique contribue au changement climatique, qui lui-même affecte la biodiversité de manière systémique.

Malgré la démocratisation des technologies, les inégalités d'accès au numérique persistent.
• Tout d’abord les inégalités économiques, en France et dans le monde, génèrent une inégalité dans l'accès aux équipements dès l’enfance.
• Ensuite, on voit des inégalités de territoire par un accès à internet limité voire inexistant dans certaines zones rurales, alors que la dématérialisation des services publics et privés s’accélère.
• Enfin, les inégalités de compétences ou capacités numériques créent un fossé entre générations, classes sociales et handicaps ou non, laissant certaines personnes en marge.

L'extraction des matières premières et la fabrication des équipements numériques s'accompagnent souvent de conditions de travail déplorables. On peut citer les mines de cobalt de la République Démocratique du Congo pour le travail des enfants, ou bien les usines d’assemblage en Asie pour les conditions de travail et le travail forcé de certaines populations.

A l’autre bout de la chaîne du numérique, on observe une sur-connexion et une nécessité de disponibilité permanente dans le monde du travail, notamment via l’usage des outils de messagerie instantanée, Ainsi, la frontière entre vie privée et vie professionnelle devient plus floue.

L'omniprésence du numérique affecte notre santé de plusieurs manières. L'utilisation intensive des écrans provoque des troubles musculo-squelettiques et d’autres problèmes physiques liés à la sédentarité. Le sommeil est affecté par l'exposition à la lumière bleue.

La santé mentale et le bien-être sont aussi affectés par le numérique. La connexion permanente génère du stress et de l’anxiété. Les réseaux sociaux en particulier chez les adolescents peuvent affecter l’estime de soi, accentuer des symptômes dépressifs ou le sentiment de solitude. Enfin, la consommation excessive d’écran peut engendrer des problèmes d'attention et de concentration, en particulier chez les enfants.

Le numérique transforme profondément nos modes de communication et d'interaction avec la prépondérance des échanges virtuels, l’évolution des codes sociaux et des modes de socialisation. Paradoxalement, le risque d’isolement social augmente avec la connectivité accrue.

Le secteur numérique favorise l'émergence de monopoles, avec la domination des GAFAM dans l'économie mondiale, la dépendance croissante des entreprises aux solutions numériques contrôlées par ces mêmes multinationales de la tec. Ainsi se pose la questions de la souveraineté numérique pour les États.

D’autre part, les interactions sur le web laissent une trace numérique. Les sites webs, applications et appareils collectent des données personnelles mêmes très privées et précises (données de santé, coordonnées, habitudes...), puis les utilisent pour des études marketing ou les revendent. On voit également le développement de la surveillance vidéo algorithmique.
Se pose un sérieux problème de respect de la vie privée, de sécurité et de démocratie, lorsque l’on considère qu’il est facile à des personnes mal intentionnées de se procurer ces données personnelles.
Par ailleurs, ces données sont stockées, dupliquées et transférées entre serveurs, générant une consommation énergétique souvent invisible mais bien réelle.